Derrière The ArtCore Session, se cachent deux artistes de street art partis en road trip à travers l’Europe et aujourd’hui à l’origine du festival les Éternelles Crapules de Moûtiers. Rencontre avec Maëlle et Lucas.
Quel a été votre cheminement artistique ?
Maëlle : « On a deux parcours un peu différent… J’ai fait une école de design industriel, j’ai appris beaucoup de techniques de dessin traditionnel. Et Lucas vient du milieu du graffiti. On s’est rencontré dans un restaurant à Lausanne où je faisais des extras et on a décidé de peindre ensemble. Je ne connaissais pas du tout l’art de rue, c’est Lucas qui m’a emmenée là-dedans. On a commencé à faire des murs et des toiles en commun. Les premières, c’était dans un grand espace de co-working où je faisais un stage : dans une partie un peu à l’abandon du bâtiment, on a fait notre atelier et nos premières toiles qu’on a exposées à Lausanne et données aux passants. Le but était de réunir les gens autour de l’art et de le rendre accessible à tous. Ça a très bien marché ! Après, on est parti en voyage pour approfondir notre démarche artistique. Au Portugal, on a recréé une expo sur le même thème : chaque animal représentait une catégorie sociale, ça divisait un peu mais pour mieux rassembler les gens. Et ensuite on a tourné dans toute l’Europe.
Racontez-nous votre aventure européenne avec cette fameuse expo « Jungle Law »…
Lucas : L’idée était de toucher le plus de personnes possibles et que chacun se reconnaisse dans les animaux représentés. Notre petit jeu c’était de l’exposer sur des endroits improbables comme le belvédère de Florence, l’opéra de Vérone, les quais de Côme… On n’avait pas vraiment de but… ni d’argent ! Les 6 premiers mois, on faisait des portraits dans les bars : c’était prix libre, les gens donnaient ce qu’ils voulaient, ça allait d’une bière à 200 euros une fois ! Puis on a eu quelques commandes et on a pu payer notre voyage pendant 2 ans. On a ainsi fait le tour de l’Europe selon nos envies, c’était la liberté totale.
Maëlle : Le but, c’était aussi de se dire : maintenant, on n’a plus rien, comment on fait ? Qu’est-ce qu’on crée pour trouver ce que l’on cherche ? Ça nous a beaucoup ouvert… On s’est prouvé que tout était possible ! Et puis on a suivi les parcours de certains graffeurs, on a découvert les débuts d’autres grands artistes comme les premiers autocollants de la marque Obey de Shepard Fairey posés il y a 30 ans.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Maëlle : Ça dépend, si c’est une commande, on essaye de toujours la réinterpréter pour travailler autour de ce qu’on a envie.
Lucas : Sur mur, on ne choisit pas spécialement le sujet, ça vient comme ça, c’est naturel… Il y a tout le temps une effervescence autour des différents projets qu’on entreprend.
Quelles sont vos influences ?
Maëlle : J’aime bien me poser des questions, sur la société, la liberté, sur les comportements humains… J’essaye de le retranscrire dans mon travail.
Lucas : C’est la musique beaucoup, le rythme m’aide à peindre, à tracer ce que je fais sur le mur.
Artistiquement, comment avez-vous évolué durant ces 2 dernières années ?
Maëlle : Pendant tout ce temps, j’ai appris à peindre à la bombe. J’ai bousculé tous mes codes pour faire des grandes pièces.
Lucas : Je suis vraiment passé du graffiti basique avec des lettrages à ce qu’on appelle le street art aujourd’hui.
Comment et pourquoi, ce périple a-t-il pris fin ?
Lucas : Un peu brutalement, on devrait être en Estonie aujourd’hui !
Maëlle : En fait, on est rentré faire un petit coucou chez mon père à Albertville qui m’a dit « Va voir à Moûtiers, ils parlent de street art ! ». On a rencontré Franck Sergent (du groupement des commerçants et artisans de Moûtiers, Activallées) et le projet Éternelles Crapules s’est lancé ! On devait rester 2 semaines dans le coin, et finalement on s’est installé à Moûtiers.
Les Éternelles Crapules justement, parlez-nous en… Comment avez-vous abordé ce nouveau challenge ?
Lucas : C’était vraiment un challenge effectivement ! On sortait de notre camion, où l’on vivait de rien, et on a dû trouver 40 000 euros pour lancer un festival en n’ayant pas beaucoup de réseau ! On a réussi, 9 artistes vont recouvrir les façades de Moûtiers en avril et il y aura aussi une grande soirée de vernissage avec concerts.
Maëlle : L’idée est de mettre des couleurs dans la ville, de créer un parcours… avec des artistes qu’on a rencontrés lors de notre roadtrip ! Ce festival, il est monté avec notre cœur, nos valeurs…
The ArtCore Session is composed of Maëlle and Lucas, two street art artists on a road trip across Europe with the exhibition Jungle Law and today at the origin of the festival Les Éternelles Crapules in Moûtiers. The aim of the festival Les Eternelles Crapules is to colour the walls of the city and to share street art in unusual places, an original way to revitalize the city and to change its image. The 9 participating artists from all over the world, Maëlle and Lucas, Rino, Rafi, Cofee, Reveur, Marthe, Tank and Popek, will start their work in April followed by a vernissage with concerts to launch this exceptional event !